En raison de la pandémie, de nombreuses demandes d’assurance-emploi n’avaient pas été traitées cinq mois plus tard.
Selon José Bazin de Mouvement Action-Chômage, une personne a été dans l’obligation d’attendre jusqu’à six mois avant de recevoir le moindre sou.
«On appelle et on dit que ça fait deux mois que monsieur n’a pas reçu ses prestations d’assurance-chômage. Est-ce qu’il y a au moins un agent qui a le dossier sur son bureau? On dit: “Ah non, il n’y a pas une personne qui est en train de regarder le dossier!”» a révélé le responsable de l’organisme militant pour défendre les chômeurs.
Les demandes de chômage ont bondi de 25%, passant de 2,8 millions de demandes en 2018 à 3,51 millions entre avril 2021 et mars 2022, selon les données de Service Canada. De plus, 14% des cas ne peuvent pas être gérés dans les délais de 28 jours.
Le témoignage troublant d’une personne touchée par les délais
Francis Ducharme n’a pas été épargné par cette situation, lui qui a dû attendre jusqu’à quatre mois avant de recevoir son argent.
«J’étais furieux. Je n’en pouvais plus d’attendre. Je trouvais que c’était très violent contre moi, se souvient-il. On oublie les chômeurs.» M. Ducharme raconte qu’il avait fait une demande d’assurance-chômage le 17 décembre 2021. Le 7 février 2022, il apprend — après avoir fait plusieurs appels téléphoniques — qu’il a été victime d’un vol d’identité.
Le 17 mars, il prend connaissance qu’il y aura encore des retards, mais son dossier est classé urgent une semaine plus tard. C’est seulement avec l’intervention du Mouvement action chômage, le 30 mars, qu’il y a une mise à jour dans son dossier. Le 8 avril, il doit subir une enquête approfondie pour prouver qu’il est bel et bien en recherche d’emploi.
«C’est seulement le 13 avril que j’ai reçu les 11 semaines de prestations qui m’étaient dues», déplore Francis Ducharme. «J’ai eu la chance et la prévoyance d’avoir des économies. Mais ça a passé très proche que j’aie besoin de m’endetter», selon ses révélations. «Ce qui est fâchant, c’est que j’ai touché la PCU en 2020, donc je sais que c’est possible qu’il y ait une volonté politique de rendre les choses extrêmement simples.»
Comment expliquer ce phénomène?
José Bazin explique que deux situations justifient ces délais. «Il y a la fraude chez Desjardins, ce qui explique à peu près 10 000 cas de délais de traitement», a-t-il mentionné en entrevue avec Noovo Info. Les autres, c’est qu’il y a eu quand même beaucoup de courtes périodes d’assurance-chômage à cause de la COVID.»
Afin qu’une telle chose ne se reproduise plus, l’organisme croit qu’il faut simplifier le système pour éviter des retards qui influencent la sécurité financière des gens. «Ils ne peuvent pas demander souvent d’aide sociale et ils se retrouvent vraiment sans revenus ou des cartes de crédit complètement loadées. Certains se sont fait évincer de leur logement, carrément», raconte M. Bazin.
«La meilleure chose, ça va être de simplifier l’assurance-chômage en général. On mise beaucoup et pousse le gouvernement à faire une réelle réforme de l’assurance-chômage de manière générale», a-t-il conclu.