Lettre au ministre Ahmed Hussen – Service Canada

Interventions médiatiques | 24 avril

Nous vous partageons cette lettre écrite par notre regroupement national, le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi (MASSE).

Monsieur le Ministre,

Le 26 mars dernier, votre ministère annonçait la fermeture de plus de 600 bureaux du réseau des centres de Service Canada en raison des préoccupations liées à la COVID-19. Ainsi, nous pouvions lire dans le communiqué publié pour l’occasion : « Nous sommes conscients que cela peut s’avérer éprouvant pour certains Canadiens qui préfèrent recevoir des services en personne. Je veux assurer aux Canadiens que nous sommes déterminés à leur procurer tout le soutient dont ils ont besoin ». L’un des arguments invoqués par votre ministère consistait à souligner les conséquences négligeables de cette décision, la majorité des demandes de prestations d’assurance-emploi étant généralement faites en ligne.

Le Mouvement autonome et solidaire des sans-emploi constate avec regret que cette déclaration, qui remet en question le caractère essentiel de ces services, s’appuie sur une méconnaissance de la réalité de plusieurs chômeurs et chômeuses. Ce n’est pas par simple « préférence individuelle » que ces dernier.ère.s recourent aux services en personne, mais bien parce que ces services constituent la seule manière d’obtenir le soutien dont ils ont besoin pour déposer une demande ou pour obtenir de l’information.

Les études révèlent que les chômeurs et chômeuses les plus susceptibles de se tourner vers ce mode de service sont les groupes parmi les plus vulnérables de la population. C’est le cas notamment des personnes à faible revenu ou habitant des régions éloignées qui ont un accès limité à internet ainsi que les personnes peu scolarisées ou âgées qui éprouvent des difficultés avec les outils de technologies numériques. De même, les chômeur.se.s qui ne maîtrisent pas la langue dans laquelle les services sont fournis sont nombreux.ses à se tourner vers cette ressource. Devant ces différents obstacles, ces personnes ont impérativement besoin d’une aide personnalisée s’ils veulent utiliser les services en ligne pour déposer une demande. Les chiffres à cet égard sont révélateurs : 25% des chômeur.se.s qui recourent aux centres de services en personne s’y présentent dans le but d’utiliser un poste de travail et obtenir de l’aide des agent.e.s.

Qu’il s’agisse d’obtenir de l’information générale sur les critères d’admissibilité à la PCU, de faire un suivi de leur dossier ou de déposer une demande de prestations d’assurance-emploi, cesdémarches deviennent aujourd’hui d’une complexité sans précédent pour celles et ceux qui ont comme seule ressource les lignes téléphoniques surchargées mises à disposition par le gouvernement. Les lacunes relatives aux services par téléphone ont par ailleurs été largement documentées au cours des dernières années : même avant la crise, les centres d’appels de Service Canada peinaient à fournir à la demande, autant sur le plan de l’accessibilité que sur le plan de la qualité des renseignements fournis.

La réalité rencontrée par les groupes de défense des droits des chômeur.se.s démontre avec force que les services de prestations par téléphone ne constituent pas une alternative réelle à l’aide personnalisée offerte dans les centres de Service Canada. Depuis des semaines, les groupes membres du MASSE sont à « la première ligne » de cette crise et travaillent d’arrache-pied pour fournir une aide directe à la population. En plus de recevoir un nombre accru d’appels de chômeur.se.s qui ont tenté en vain de rejoindre les centres d’appels de Service Canada, le personnel de ces groupes est même amené à remplir les demandes de prestations des chômeur.se.s qui n’ont pas accès à un ordinateur ou qui éprouvent des difficultés avec les outils informatiques.

Bien que nous reconnaissons la nécessité de protéger la santé et la sécurité des employé.e.s de Service Canada, notre regroupement s’inquiète du sort des chômeurs et chômeuses dont l’accès à un revenu de remplacement dépend de l’accessibilité aux centres d’appels de Service Canada. Pour cette raison, le MASSE demande que Service Canada réouvre partiellement ses centres de services en personne afin de rétablir l’accès aux services de prestations pour tous et toutes.

Solidairement,

Sylvain Lafrenière, coordonnateur du MASSE

Lettre en format PDF.

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