Réponse au ministre Lebel
Interventions médiatiques | 15 avril
Encore une fois le ministre Lebel désinforme la population en confondant l’admissibilité aux prestations et la disponibilité (recherche d’emploi « convenable »). Précisons d’abord une chose : de tout temps, les prestataires ont toujours été tenus d’être « disponibles et capables de travailler » ce qui veut dire qu’ils devaient chercher activement un emploi et être prêts à accepter tout emploi convenable soit, un emploi dans leur domaine habituel et à des conditions salariales similaires. C’est précisément à cette notion d’emploi convenable que le gouvernement Harper s’est attaqué avec sa réforme de 2012 sous l’éternel prétexte de contrôler les dépenses et d’éviter les soi-disant abus. Dans un contexte où les capitalistes souhaitent bénéficier d’une main-d’œuvre flexible et soumise de sorte à réduire leurs coûts et aligner les conditions de travail vers le bas, on est venu changer la définition de l’emploi convenable pour obliger les prestataires à accepter des conditions de travail inférieures, sous peine de se voir couper leur chômage.
Par ailleurs ces nouvelles obligations s’accompagnent d’un resserrement des « contrôles de masse » par Service Canada. En effet, de plus en plus de prestataires sont convoqués dans des rencontres de groupe au bureau de chômage où on leur demande de rapporter un formulaire avec leur liste de recherches d’emploi. Comment s’assurer autrement la coopération des prestataires qui doivent désormais accepter n’importe quel emploi à un salaire moindre pouvant aller jusqu’à 70% de leur salaire habituel !
Ensuite, la réforme a considérablement complexifié et allongé le processus d’appel pour ceux et celles qui souhaitent contester une décision de Service Canada. Le nouveau Tribunal de la sécurité sociale (« TSS ») a pour effet d’accentuer le non-recours aux droits et aux prestations pour les chômeurs. Nous pouvons constater que moins de 15 % des chômeurs ayant reçu une décision défavorable à l’étape de la révision administrative décident de poursuivre leurs démarches au TSS.
Alors, M. Lebel, avant d’affirmer haut et fort que le NPD et les grandes centrales syndicales s’adonnent à une campagne de peur concernant la réforme et qu’il est frappant de constater que le taux d’admissibilité à l’assurance-emploi a augmenté depuis 2012, faites vos devoirs et cessez d’induire les gens en erreur. Ces affirmations témoignent de votre absence de connaissance du dossier de l’assurance-chômage. La réforme n’avait pas pour but de restreindre l’admissibilité aux prestations puisque ce ne sont pas les critères d’admissibilité qui ont été modifiés. La réforme visait plutôt à accroître le contrôle administratif à l’endroit des assurés et à contraindre les chômeurs à retourner travailler n’importe où, le plus rapidement possible, sans égard (ou si peu) à leurs compétences et à n’importe quel prix.
Kim Bouchard, Mouvement Action-Chômage de Montréal