Budget fédéral 2022 et assurance-chômage
Interventions médiatiques | 10 avril
(Montréal) 11 avril 2022 – Alors que le premier ministre Trudeau disait s’attendre qu’ « un système d’assurance-emploi plus inclusif soit mis en place d’ici l’été 2022 », les chômeur.se.s pouvaient avec raison espérer que la section sur l’assurance-emploi du budget déposé le 7 avril dernier compte plus d’une page sur trois-cent-cinquante-deux.
Cette année, les travailleur.se.s devront malheureusement se contenter d’une protection sociale désuète en cas de chômage puisque le gouvernement fédéral ne renouvellera pas les mesures temporaires mises en place pour répondre aux lacunes du régime. Le gouvernement prolongera également – pour une énième fois et sans amélioration – le projet pilote de cinq semaines supplémentaires censé remédier au Trou noir que vivent les travailleur.se.s de l’industrie saisonnière. Pourtant, ce programme est profondément inadapté à la réalité du travail saisonnier et exclut de facto un trop grand nombre de ses travailleur.se.s.
Où se trouve donc la réforme du régime d’assurance-chômage de monsieur Trudeau ? Où sont les recommandations des intervenant.e.s qui, depuis l’automne dernier, sont consulté.e.s par le ministère d’Emploi et développement social Canada ? Car dans le budget 2022, il n’y a rien de nouveau pour améliorer l’accès des travailleur.se.s à temps partiel aux prestations de chômage, ni pour les travailleur.se.s de l’industrie saisonnière à qui l’on demande depuis des années de s’endetter, de déménager ou de changer de carrière. Et alors que le Tribunal de la sécurité sociale a récemment statué sur le caractère sexiste de la Loi sur l’assurance-emploi, de nouvelles mères demeureront privées de prestations régulières si elles perdent un emploi. C’est que le gouvernement doit poursuivre ses consultations, explique-t-on. Jusqu’à quand ? On ne le sait toujours pas.
Le MASSE souhaite rappeler qu’en l’absence d’un plan d’action en matière d’assurance-chômage, le gouvernement continue de priver la caisse d’assurance-emploi de revenus pouvant améliorer de manière significative l’accessibilité et la couverture du régime. En effet, la mise en place d’une politique d’équilibre de la caisse sur sept ans bloque de facto l’accumulation de surplus pouvant financer une réforme en profondeur du régime. Résultat : on enregistre en 2021 les taux de cotisations les plus faibles depuis 1980. Surtout, si le gouvernement assumait toujours une contribution financière du régime de l’ordre des 20 %, comme c’était le cas avant 1971, et s’il cessait de financer des mesures actives d’emploi à même la caisse, cette dernière pourrait percevoir jusqu’à 8,2 milliard dollars supplémentaires annuellement pour venir en aide aux chômeur.se.s.
Enfin, force est de constater qu’entre ce budget et le dernier, le ton du gouvernement ‘’progressiste’’ de monsieur Trudeau a changé au détriment des sans-emploi. Dorénavant, ce ne sera plus le régime d’assurance-chômage, mais la « main-d’œuvre qui devra s’adapter à l’économie du XXIe siècle ». Là où, l’année dernière, on pouvait lire l’engagement du gouvernement en faveur « de la classe moyenne et de ceux qui travaillent fort pour en faire partie », on lit maintenant qu’il est temps pour les travailleur.se.s de « retrousser leurs manches, d’acquérir de nouvelles compétences et d’ajuster leur façon de travailler ». Ce faisant, le gouvernement fédéral, « résolu à exercer un leadership continu pour réduire les obstacles à la mobilité de main-d’œuvre », propose de modifier la Loi sur l’assurance-emploi « afin que les employeurs puissent recevoir une aide directe pour recycler leurs employés ».
Voilà sans aucun doute un changement de langage et de ton qui, à défaut d’être clair et transparent, annonce un avenir radieux … pour les patrons.
Contact :
Samuell Beaudoin, responsable à la coordination
(514) 524 2226 – masse@lemasse.org
Revue de presse
Rien pour l’assurance-emploi, déplorent les organismes, Le Quotidien, 7 avril 2022
Action-Chômage Côte-Nord est dépité du budget fédéral, Le Manic, 8 avril 2022
Réaction du MAC de Montréal sur Facebook
Bon ben, somme toute, un budget où l’on propose sans joke des mesures pour aider les employeurs à » recycler leurs employés », on nous annonce sur la slide » la création de nouvelles commissions
d’appel de l’assurance-emploi, en remplacement du processus d’appel de l’assurance-emploi sous la Division générale du Tribunal de la sécurité sociale » (à ça le MAC tient à ajouter sans consultation aucune comme dans le bon vieux temps des conservateurs de Harper), le gouvernement va publier son plan à long terme pour l’avenir de l’assurance-emploi après la fin des consultations (mais encore ???? quand et comment ???), on prolonge le soutien temporaire offert aux travailleur.euses de l’industrie saisonnière (les éternelles mesures temporaires, évidemment), on prévoit aussi des taux de cotisations qui devraient augmenter graduellement, passant de 1,58 $ en 2022 à 1,73 $ par la suite, ce qui est encore inférieur de 15 cents au taux de cotisation de 1,88 $ en 2015….
Après ça, les excuses sont déjà toutes trouvées pour une réforme sans envergure parce que le Canada n’a pas les moyens de protéger les femmes, les travailleur.euses de l’industrie saisonnière, les précaires…
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