Formation obligatoire pour les saisonniers pris dans le trou noir : mauvaise cible
Lois et règlements | 15 août
Cet argent provient de nouveaux investissements compris dans le dernier budget fédéral, soit 80 millions $ pour l’année 2018-2019 et 50 millions $ pour 2019-2020 pour l’ensemble du Canada.
Selon François Blais, l’aide aux prestataires de l’assurance-emploi prendra la forme de formations rémunérées mise en œuvre avec les centres locaux d’emploi. Les formations pourront être générales ou spécifiquement reliées au métier pratiqué par les prestataires.
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Les réactions ont été nombreuses, notamment au Québec et au Nouveau-Brunswick. (voir ci-bas)
Notre regroupement national, le MASSE, a d’ailleurs fait paraître un communiqué de presse pour dénoncer la situation.
Depuis, le ministre Blais a fait de nouvelles annonces.
Notre regroupement national, le MASSE, a fait paraître une lettre ouverte en janvier dernier pour dénoncer le phénomène du trou noir qui affecte les travailleurs saisonniers qui touche du chômage durant la saison morte. Le trou noir, c’est la période entre le dernier chèque de chômage reçu et le retour au travail. Pour des milliers de travailleurs saisonniers partout au Canada, ce trou noir dure plusieurs semaines ou mois et ce, sans aucun revenu.
Cette lettre ouverte s’inscrivait dans l’actualité, alors que les chômeurs et chômeuses du Nouveau-Brunswick ont manifesté à Tracadie le 15 janvier pour dénoncer la situation et sont revenus à la charge le 22 janvier. À l’occasion du Parle-ouère d’assurance-emploi tenu le 26 janvier, plus de 300 personnes ont pu débattre et échanger sur la précarité des chômeurs et chômeuses de la Péninsule acadienne, à l’invitation de Comité d’action des travailleurs et des travailleuses saisonniers du Nouveau-Brunswick.
Au Québec, des membres de la CSN, d’Action chômage Côte-Nord et d’Action chômage Charlevoix ont occupé les bureaux du ministre du Développement social, Jean-Yves Duclos le 12 janvier. Le Mouvement action chômage Pabok a quant à lui rencontré la ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier, le 19 janvier dernier. Aucun engagement n’a été pris par le gouvernement Trudeau pour régler cette situation critique, pourtant dénoncée depuis des années.
Pour en finir avec les trous noirs!
L’expression « trou noir » réfère à une période où les personnes occupant des emplois saisonniers ont épuisé l’ensemble de leurs prestations d’assurance-chômage avant même que leur travail ait recommencé. Considérant que ces prestations varient en fonction des heures travaillées annuellement et du taux de chômage régional, elles durent moins longtemps et sont plus difficiles à obtenir dans le contexte actuel de bas taux de chômage. Pour les économies régionales qui dépendent du travail saisonnier, l’impact du trou noir est immense. Cette période se caractérise par une absence totale de revenus ou par une obligation de recourir à l’aide sociale pour celles et ceux qui y sont admissibles.
Frappé.e.s durement par cette réalité, les chômeurs et chômeuses du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, de la Côte-nord, de Charlevoix et de Restigouche-Albert se sont mobilisé.e.s dans les dernières semaines. Le gouvernement doit agir rapidement pour mettre en place des mesures d’urgences pour leur venir en aide. Au-delà de ces mesures, le régime d’assurance-chômage doit être modifié afin d’enrayer ce fléau qui touche des travailleurs et travailleuses dans l’ensemble du Canada.
Élargir le débat sur l’accessibilité au chômage
Il importe également de souligner que les problèmes d’accessibilité à des prestations d’assurance-chômage ne s’arrêtent pas aux réalités du travail saisonnier. Plusieurs personnes occupant un emploi non saisonnier ont épuisé leurs prestations avant d’avoir trouvé un nouvel emploi. Le « trou noir » n’est que la pointe de l’iceberg d’un problème structurel. Actuellement, moins de 40% des personnes en chômage ont accès à des prestations. En 1989, avant les réformes successives des gouvernements libéraux et conservateurs, le ratio prestataires-chômeurs s’élevait à 83%. Avec l’augmentation des emplois précaires, à temps partiel et de courte durée, le régime actuel d’assurance-chômage ne répond plus aux réalités du marché du travail. Ce sont les femmes et les jeunes qui ont le plus durement subi la baisse de moitié de ce ratio.
Par ailleurs, le fait que le taux de chômage d’une région soit bas ne veut pas dire qu’une personne aura automatiquement plus de facilité à trouver un emploi que dans une région où le taux de chômage est plus élevé et ce, parce que le taux de chômage ne mesure pas l’emploi disponible. Et même s’il y avait de l’emploi disponible, rien n’indique qu’il correspondrait aux secteurs ou qualifications des personnes en chômage. À part dans les cas extrêmes de régions à très haut taux de chômage, il ne nous apparaît pas légitime de déterminer le nombre de semaines de prestations en fonction du taux de chômage de la région dans laquelle la chômeuse ou le chômeur réside.
Des solutions existent
Le plus rapidement possible, le gouvernement doit mettre en place les mesures d’urgences réclamées par les chômeurs et chômeuses qu’il a rencontrés dans les dernières semaines. Également, pour régler le problème du trou noir pour l’ensemble des personnes occupant des emplois saisonniers et garantir un réel accès au chômage, le gouvernement doit permettre aux personnes qui ont travaillé 350 heures ou 13 semaines d’avoir droit à minimum 35 semaines de prestations. En moyenne, les chômeurs et chômeuses utilisent moins de 20 semaines de leur prestation et seulement 31% se rendent jusqu’à la fin celle-ci. Augmenter le nombre de semaines de prestation minimale ne veut donc pas dire que tout le monde les utiliserait, mais permettrait aux personnes qui en ont besoin d’en bénéficier. Ce plancher est un filet de sécurité essentiel pour surmonter les difficultés liées à toute période de chômage. C’est la durée raisonnable pour permettre aux gens de rechercher un emploi sans subir le stress incessant de ne plus, un jour, pouvoir subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille.