Lettre à la ministre de l’assurance-chômage : le service et les délais

Interventions médiatiques | 2 mars

Madame Carla Qualtrough

Ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre et de l’Inclusion des personnes handicapées et en conséquence…Ministre de l’Emploi et Développement social, Canada (EDSC)

Madame,

Au nom de mes collègues, des bénévoles et des membres de notre organisme  qui, depuis 50 ans lutte pour un régime d’assurance-chômage (emploi) digne d’un pays civilisé, nous vous demandons d’apporter un coup de barre draconien à la machine administrative qui gère le programme d’assurance-chômage (emploi).

Il y a urgence en la demeure. Des gens souffrent.

Dans un premier temps : les délais. Attendre de 2 à 3 mois pour que le dossier soit traité est inadmissible et inhumain.  Déjà que 4 semaines, c’est long. Quatre semaines, en passant, est le délai durant lequel un dossier devrait être réglé nous dit-on depuis… très longtemps… au siècle dernier. C’était déjà une blague à l’époque, c’est devenu une sinistre farce. Et là, on ne parle pas de la réception d’un paiement, mais de l’étude d’un dossier !! On nous dit au moment où nous écrivons ces lignes qu’il y a encore des demandes de chômage déposées fin octobre qui ne sont pas encore traitées. La perte d’un emploi est déjà un drame, est-il nécessaire d’en ajouter par la suite ?

Les conséquences d’une telle situation sont les suivantes : endettement, stress pouvant aller jusqu’à la dépression, mauvais dossier de crédit, loyer et compte à payer en retard (donc problème avec le proprio et la banque), problèmes familiaux, de couples, etc.  L’an dernier, nous avons craint pour la vie d’un citoyen. Là, on parle de suicide. Nous avons pu rétablir la situation à temps. Mais dans ce cas, en plus des délais, le citoyen avait été victime de l’incompétence d’une agente dans un bureau de Service Canada. D’où le second problème…

Donc, dans un second temps, il y a un problème criant concernant le manque d’effectif et de formation des agents. Pas tous, bien entendu. La grande majorité des agents font leur travail avec professionnalisme et compétence. Et nous les en remercions. Mais il y en a d’autres qui auraient besoin d’une sérieuse formation. Vos hauts fonctionnaires  connaissent cette situation. Une des plus aberrantes est celle qui touche les agents à l’accueil dans les bureaux de Service Canada. On nous dit que ces agents n’ont pas les compétences pour répondre aux questions des prestataires. Ah ben dit donc ! Mais, le problème, c’est que parfois ils donnent des directives et des conseils et que ceux-ci se révèlent faux. Nous avons dû intervenir l’an dernier dans au moins quatre dossier pour sortir les gens pris dans un engrenage infernal découlant des directives de ces agents. Nous pesons nos mots. Plus de nombreux témoignages que nous recevons de citoyens et où nous devons corriger les aberrations dont ils ont été victimes. Autre problème, la ligne de service, le 1-800-808-6352. Véritable honte, encore une fois. Des gens attendent 3-4 jours avant d’avoir un agent au bout de la ligne. Et là, pas certain que les renseignements transmis par l’agent soient fiables. Encore une fois, cet état des lieux est confirmé par la Commission. On nous dit que le roulement de personnel est important.

Sachez que nous n’avons aucun plaisir à écrire de telles choses. Nous avons toujours eu à cœur d’avoir de bonnes relations avec les agents de la Commission, non seulement pour apporter l’aide nécessaire aux citoyens mais, comment dire, par solidarité ouvrière?  Ne rigolez pas, la chose existe encore, parfois, dans certains coins de notre planète économique…

Nous vous demandons de procéder aux changements suivants, si vous avez un tant soit peu à cœur le bien-être de vos concitoyens :

1. Engagez de nouveaux employés.

2. Leur transmettre une formation adéquate et continue

3. Que l’on revienne avec un véritable service aux citoyens dans les bureaux de chômage (Service Canada). En clair, des agents compétents à l’arrière du comptoir derrière un paravent, qui vont accueillir les citoyens ayant des questions.

4. Et, last but not least, faire comprendre aux nouveaux venus que la loi est une loi sociale. Pas un hachoir à viande. Et tant pis pour Brian Mulroney et Jean Chrétien.

5. Pour terminer, si jamais vous ou un de vos employés posez les yeux sur cette bafouille et décider de nous répondre, soyez gentils, évitez le « Vous savez, notre priorité est le service aux clients. » Celle-là, on est pu capable de l’entendre.

Merci de l’attention que vous porterez peut-être à cette lettre,

Cordialement,

Martin Richard, Mouvement Action-Chômage (MAC) de Montréal

Pour toutes les nouvelles sur le chômage et nos mobilisations, analyses et revendications, consultez les Actualités.